APPENDICE
SUR LE COMMERCE ET LE PRIX DES TAPISSERIES
Nous voudrions terminer cette étude historique par quelques mots sur le trafic des tapisseries, accompagnés de conseils aux ama­teurs. L'exécution d'un pareil plan ne va pas sans de sérieuses difficultés. Est-ce une raison suffisante pour nous interdire de présenter quelques observations, fruit d'études et de réflexions qui remontent à une date déjà ancienne?
Le goût des meubles anciens, la passion pour les moindres ves­tiges de l'art et de l'industrie des siècles passés a remis les vieilles tapisseries en faveur. Ce retour vers un mode de décoration long­temps négligé a produit un résultat curieux. Les fabricants de tentures, obligés de se conformer aux caprices du public, ont dû adopter pour leurs modèles cles tons ternes et rompus se rappro­chant autant que possible de la coloration des pièces exposées à l'air et à la lumière depuis un siècle ou deux. Une tapisserie neuve n'est prisée qu'autant qu'elle ressemble à une vieille. On devine les conséquences de cet engouement. Avant peu, ces tissus, dans lesquels n'entre aucun ton franc et durable, deviendront com­plètement incolores. Espérons qu'un nouveau revirement dans le goût du public ne tardera pas à faire justice du travers actuel, et qu'on reviendra bientôt à la notion des véritables règles décora­tives.
Un des grands inconvénients de cette méconnaissance des lois les plus élémentaires de l'art ornemental est de produire des confusions trop faciles entre les produits anciens et les produits modernes.